On ne peut pas dire qu’il y a une saison plus sonore qu’une autre car chaque saison a ses propres variations, ses propres singularités acoustiques : sa musique, ses bruits, ses sonorités !
D’accord, vous pensez à Vivaldi, vous connaissez déjà très bien donc je ne vais pas vous en parler ! Quoique !
Être à l’écoute des bruits de la montagne
Evidemment, être à l’écoute des bruits divers quant on chemine du côté du Col de Porte en partant du Domaine de Rozan demande une disponibilité évidente mais vous le saviez déjà aussi ! C’est vrai que les éléments vivants du milieu naturel t’enverront des signaux sonores si tu es vraiment là – hic et nunc – totalement attentif physiquement et mentalement à la moindre vibration qui viendra effleurer ton oreille.
Les sensations auditives en montagne, c’est un délice absolu qui remplace tout essai thérapeutique pour aller mieux !!
« Entre trois et quatre heures du matin, le réveil des oiseaux : un merle ou un rossignol soliste improvise, entouré de poussières sonores, d’un halo de trilles perdus très haut dans les arbres. Transposez cela sur le plan religieux, vous aurez le silence harmonieux du ciel. »
L’ouïe et la musique de la Chartreuse
Si cette chronique s’intéresse à l’ouïe, inévitablement, elle pense à la musique comme je le mentionnais en citant Vivaldi puis Messiaen. En montagne, je n’écoute pas de musique derrière un casque, non, puisque la nature m’offre une, voire des partitions sans cesse renouvelées, proposant des interprétations différentes en fonction du temps, des jours et du moment de la journée où le marcheur, le coureur, le skieur se plaît à cheminer…
Si vous avez vu le film de Ruben Ostlund, « Snow therapy », vous avez découvert le sort qui est fait aux sons par le réalisateur : Vivaldi, dans un arrangement étonnant, déboule avec fracas au coeur d’une station déserte où la sublime musique s’impose et donne sens au décor, le leitmotiv musical rythme le film et devient un personnage central. Bon, cela ne signifie pas que j’associe systématiquement Vivaldi à l’hiver …Une saison, un compositeur ? Tiens, et pourquoi pas ? Contentons-nous de l’hiver pour l’instant mais on peut envisager en effet d’y réfléchir !
Vivaldi s’est intéressé aux « Quatre saisons » mais d’autres compositeurs intègrent leurs créations aux variations de la nature au fil des saisons qui rythment notre temps. Nous pensons à Mahler et la symphonie, Le Chant de la Terre, Das Lied von der Erde, dont le premier poème nous fait entendre la promesse d’un printemps bientôt revenu après l’automne et l’hiver…
Et pour terminer, nous pouvons revenir à Olivier Messiaen dont le Quatuor suffit à notre joie auditive et dont j’évoquais le premier mouvement plus haut. Cette oeuvre composée dans des circonstances particulières rend un hommage extraordinaire aux trésors sacrés de la nature auxquels nous avons le privilège, randonneurs de Rozan et d’ailleurs, d’accéder en toute liberté !
Les oiseaux, c’est le contraire du Temps ; c’est notre désir de lumière, d’étoiles, d’arcs-en-ciel et de jubilantes vocalises !